Section 1 - Rise and fall of powers, a historical perspective

This chapter explores two empires that are not, in terms of political regime, but both had an imperialistic policy, that is extending power by territorial acquisition. The Ottoman Empire was never referred to as an Empire by the Ottomans themselves, but as the “Sublime Ottoman State.” The USSR, on the other hand, was founded in complete opposition to the Tsarist regime.

The goal is to understand the rise and resurgence of great powers through territorial acquisition, as well as their decline and the violence of disintegration when the vast entity fractures by all sides.

With the collapse of empires, is the driving force the universalisation of the nation-state as a legitimate form of political domination?

#1. The Ottoman Empire, from rise to decline

#A. Rise to power

#a) Territorial expansion before 1453

The first Ottoman State (Osmanlı in Turkish, from which “Ottoman” is derived) emerged in the 13th century in eastern Anatolia. It was a small principality where political power was contested between Orthodox Christians and Muslims. The Turks originated from Central Asia and seized control of the principality.

The Ottoman State, located on the border with the Byzantine Empire, gradually expanded into neighbouring Byzantine cities. It took over the provinces of Anatolia and then conquered the Balkans in the 14th century. Some historians interpreted this rise to power as a battle for faith, a holy war led by ghazi (conquerors in Turkish). Today, historians also regard ghazi as military aids willing to win plunder and slaves, not fighting in the name of Islam.

#b) De la prise de Constantinople à 1520

L’Empire byzantin, considérablement réduit, tombe en 1453, avec la prise de Constantinople menée par le sultan Mehmet II. Le sultanat par son expansion territoriale devient « Empire », interprétation occidentale de ce que l’on nomme en fait « État sublime ottoman ».

L’assise territoriale entre Asie mineure et Europe, autour de la Mer Noire, permet d’autres conquêtes : une partie de la Crimée, l’Azerbaïdjan, la Transcaucasie, la Syrie, puis l’Égypte. Le sultan Sélim contrôle bientôt les lieux saints (Médine et La Mecque) et un vaste territoire s’étendant du Danube à l’Euphrate.

#c) De 1520 à 1683 : l’apogée

Soliman le magnifique, fils de Sélim, poursuit les conquêtes : Belgrade, puis Alger, le Sud de la Hongrie, la Bosnie, la Croatie, la Dalmatie, la Mésopotamie. Mais il échoue à Vienne en 1529.

L’Empire s’étend ainsi en Afrique du Nord, en Europe, en Asie mineure et au Moyen-Orient. Les Ottomans cherchent à contrôler les routes maritimes vers l’Océan Indien, luttent contre les Portugais et verrouillent la Mer Rouge.

De nombreuses expéditions mènent les ottomans jusqu’à Oman, Aden (au Yémen). Ils obtiennent l’allégeance de Bahreïn, du Qatar, et même d’une partie de Sumatra, en Indonésie.

En 1683, l’Empire totalise ainsi plus de 3 millions de kilomètres carrés.

#B. Administration et puissance de « l’État sublime ottoman »

#a) Administration centrale

Le maître de l’Empire est le sultan, résidant à Constantinople. Il possède pouvoirs spirituels et temporels. Il gouverne à travers le Divan, conseil impérial dirigé par un grand vizir, ministre du sultan. L’administration est donc centralisée.

Dans les provinces, l’administration repose sur le Devchirmé (« ramassage »), enrôlement des locaux, turquisés et islamisés, pour les besoins de l’administration et de l’armée.

#b) Harmonie sociale

Malgré l’étendue et la mosaïque de peuples qui constituent l’Empire, il règne une relative harmonie sociale. Elle tient à la marge d’autonomie donnée aux provinces. Les révoltes sont rares.

Les populations juives et chrétiennes se voient accorder le statut de dhimmi : ils ont la liberté d’exercer leur culte, ils ont la protection du sultan, ils paient un impôt spécifique mais restent des citoyens de second rang.

Les cadres de l’administration des provinces et les janissaires (corps d’élite de l’armée) sont issus du Devchirmé. Ce sont souvent des populations originaires des Balkans.

#c) La puissance militaire et diplomatique

L’État sublime ottoman développe une armée efficace grâce aux janissaires, entre autres. Il lève des troupes dans les territoires conquis et parmi les vassaux. Infanterie diverse, mais aussi cavalerie, et une artillerie engagée lors des sièges. La flotte ottomane est également puissante, puisqu’elle domine la Méditerranée du XVe siècle jusqu’au XVIe siècle. La puissance de l’armée est financée par la levée d’impôts mais elle repose aussi sur la faiblesse des voisins.

La puissance diplomatique établit sur un protocole qui fait automatiquement des interlocuteurs des inférieurs, les ambassadeurs doivent se prosterner. L’État sublime ottoman pratique donc une diplomatie qui semble polie et convenable mais dont le principe est l’arrogance qu’inspire la puissance militaire.

#C. Le déclin

#a) Une combinaison de facteurs

Corruption, incompétence, esprit de défense affaibli, déclin démographique, inadaptation technologique, réformes ratées et revers de l’armée, frontières lointaines, nombreux sont les facteurs qui s’accumulent et qui expliquent le déclin de l’Empire.

Les historiens s’accordent pour situer le début de ce déclin à la fin du XVIIe siècle, en se servant de la défaite à Vienne en 1683, ou la cession de territoires européens par le traité de Karlowitz en 1699. L’Empire devient, à la fin du XIXe siècle, « l’homme malade de l’Europe ».

#b) Menaces extérieures

Les frontières de l’Empire sont lointaines, et par conséquen,t difficiles à protéger. Ainsi, la Russie annexe la Crimée en 1783. L’expédition de Bonaparte, en 1798, mène à la perte de l’Egypte.

#c) Des modernisations tardives dont l’effet est limité

Tanzimat, est le nom de l’ensemble des réformes que l’État veut mener à partir de 1839, conscient de son déclin. Le programme inclut scolarisation, presse, libéralisation et transition urbaine. Ces réformes occidentalisent l’Empire et provoquent une perte d’identité. L’État sublime ottoman, après avoir fasciné l’Occident, en est réduit à imiter l’Occident.

À la fin du XIXe siècle, l’Empire dispose du télégraphe, de chemins de fer et de liaisons maritimes. Mais, ce sont des capitaux étrangers qui financent ce développement.

#d) Défaites sur tous les fronts

En 1811, l’Empire perd la Géorgie ; la Serbie, en 1829 ; l’Algérie et la Grèce, en 1830 ; le Liban, en 1860 ; la Crète, en 1868 ; les derniers territoires en Europe, en 1878, etc. La fin du XIXe siècle est une succession de défaites sur tous les fronts.

Le déclin de l’Empire accélère l’émergence du sentiment national à l’intérieur des frontières. Nombreuses sont les populations qui se soulèvent en vue de fonder leur nation : Kurdes, Arabes et Arméniens. Le mouvement Jeunes-Turcs organise un coup d’état contre le sultan. Entendant retrouver la splendeur de l’Empire, ils sont les architectes du génocide arménien, en 1915.

#e) Grande guerre et disparition de l’Empire

Les Ottomans perdent la Grande guerre et l’Empire est disloqué par le Traité de Sèvres, en 1920. Le mouvement nationaliste de Mustafa Kemal se lance dans une lutte pour construire une nouvelle Turquie, dont l’existence est officialisée par le Traité de Lausanne, en 1923.

#2. A resurging power after the disintegration of the Soviet Union: Russia since 1991

#A. L’héritage de l’Union Soviétique

#a) Le déclin de l’URSS depuis 1985

Dans les années 1980, l’URSS perd en puissance. Ses interventions sont condamnées, comme l’annexion de l’Afghanistan en 1979. La course aux armements a également fragilisé son économie.

Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985, après Brejnev, et entreprend de grandes réformes d’un système qu’il pense pouvoir sauver : il faut restructurer et libéraliser le système (perestroïka) ; il faut aussi plus de transparence, autoriser la critique d’un système inefficace et parfois totalement déficient (glasnost).

La glasnost libère les mouvements nationaux en URSS même. En 1988 et en 1989, l’Estonie et la Lituanie affirment leur souveraineté nationale. Des revendications naissent aussi, dans la violence, en Géorgie, en Arménie et en Azerbaïdjan.

#b) L’éclatement de l’URSS

En Europe de l’Est, dans les pays satellites de l’URSS, la contestation se renforce également. Les mouvements demandant plus de démocratie gagnent en popularité. Gorbatchev ayant proposé aux pays signataires du Pacte de Varsovie de gérer les revendications sans le concours de Moscou, ce sont rapidement tous les pays du bloc qui se libèrent. Gorbatchev se distingue de Brejnev, dont l’idée est la protection du socialisme à tout prix, même par l’intervention armée.

Gorbatchev est accusé de détruire le système, ou bien accusé de ne pas aller assez loin dans les réformes. La situation semble lui échapper, et il est probable qu’elle échappe aux populations elles-mêmes.

L’année 1991 va précipiter l’éclatement total de « l’empire ». En janvier, l’URSS intervient contre l’indépendance de la Lituanie et de la Lettonie. Mais en avril, c’est au tour de la Géorgie de proclamer son indépendance. En août, il y a une tentative de putsch en Russie. L’empire semble se fissurer de tous côtés.

Quinze nouveaux États émergent. Boris Eltsine, libéral et réformateur, est élu à la présidence de la Russie, il suspend toutes les activités du Parti Communiste de l’Union Soviétique. Une Communauté des États Indépendants (CEI) est fondée le 8 décembre, elle proclame la fin de l’URSS. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev annonce sa démission. Il n’a pas pu sauver l’URSS.

#c) Les forces militaires et le territoire

La nouvelle Russie accueille les populations russophones qui étaient installées dans les anciennes républiques socialistes soviétiques. Il s’agit de 25 millions de personnes.

La Russie hérite des forces militaires de l’URSS, dont l’arsenal nucléaire, en accord avec le Kazakhstan, l’Ukraine et la Biélorussie. La Russie récupère aussi le siège de l’URSS au Conseil de Sécurité de l’ONU. Elle voit les anciennes républiques socialistes soviétiques, membres de la CEI, comme son « étranger proche », une sphère d’influence vitale.

De nouvelles revendications séparatistes naissent en Tchétchénie,au cœur même de la Russie, en 1994. Moscou déclenche immédiatement une guerre pour éviter une contagion.

#B. Tourmente et retour à la puissance

#a) Les années Eltsine

Les années Eltsine sont vécues par les russes comme une « thérapie de choc ». La transition démocratique reste inachevée, la transition vers l’économie de marché est violente. La récession est brutale, la Russie connaît une hyperinflation et les protections sociales ont disparu.

Le PIB diminue de moitié entre 1991 et 1998. La misère se développe et l’espérance de vie diminue. Les richesses nourrissent les mafias, entretiennent la corruption et les oligarques. Vu d’Europe et des États-Unis, le déclin russe est spectaculaire.

#b) Les années Poutine

Eltsine démissionne en 1999 et nomme Vladimir Poutine, ancien chef du FSB, comme successeur. Poutine veut réaffirmer la puissance de la Russie. Son régime est basé sur un autoritarisme présidentiel.

L’économie russe retrouve de la croissance et de la stabilité, en raison des hausses de prix des hydrocarbures. La puissance russe est retrouvée, doublée de fierté nationaliste.

#C. Nouvelles ambitions et limites de la puissance russe

#a) L’influence sur « l’étranger proche »

La Russie ne renonce pas à son influence sur sa sphère d’influence, malgré l’élargissement de l’UE et de l’OTAN. Elle cherche à défendre ses intérêts stratégiques et contrôler les flux d’hydrocarbures.

Les « révolutions colorées », en Géorgie en 2003, et en Ukraine en 2004, mènent à des transformations politiques et sociales. La Russie y voit une menace venant d’Occident. En août 2008, elle intervient en Géorgie et occupe l’Ossétie du Nord. En 2014, à la suite de la chute du président ukrainien, elle occupe le Donbass et annexe la Crimée. En réaction, les puissances occidentales annulent le G8 et le renomment G7.

#b) Un positionnement contre l’Occident

La Russie cherche à s’affirmer comme puissance eurasiatique. En 2000, elle crée la Communauté économique eurasiatique, avec la Biélorussie, le Kazakhstan, le Tadjikistan et le Kirghizistan. Elle adhère aussi à l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), en 2001, et se rapproche de la Chine.

Avec les BRICS, en 2014, elle fonde la Nouvelle banque de développement, concurrente de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

#c) Limites de la puissance

Les États baltes se sont tournés vers l’UE. Ils estiment que leur passé soviétique est une période d’occupation. Le Kazakhstan et le Turkménistan se tournent de plus en plus vers un commerce avec la Chine. L’Ukraine a connu une dérussification. Même l’Église orthodoxe ukrainienne s’est éloignée de l’Église orthodoxe russe.

La Russie a une économie de rente, dépendante des hydrocarbures et de la variation des prix. Son économie est touchée par la dépréciation du rouble et l’inflation. Sa population est vieillissante et sa jeunesse émigre. Le contrôle du territoire est difficile. Il manque des infrastructures et le climat est hostile.

L’agression de l’Ukraine a révélé la faiblesse des forces armées russes. La puissance militaire russe a été surévaluée. Le conflit est aujourd’hui dans une guerre de position.